Jeudi 26 aout 1458

Citation :: Démission du Grand Maistre de France

Dans une lettre adressée hier à Sa Majesté Levan III de Normandie, Armoria de Mortain demande à être déchargée du poste de Grand Maistre de France, qu'elle occupe depuis le 29 novembre 1455.

Invoquant notamment une très grande lassitude, elle confesse ne plus se sentir apte à occuper une charge aussi importante et prie donc notre souverain de bien vouloir la laisser passer la main. En guise d'intérimaire, elle nomme la vicomtesse Marie Alice d'Alterac Petit Maistre de France. Celle-ci assurera la transition le temps que le Roy choisisse le prochain titulaire du poste. L'incertitude est complète quant à l'identité de ce dernier.

Après des remerciements à tous ceux qui l'ont aidée et soutenue durant son mandat, la princesse se permet de conseiller à Sa Majesté Levan III de Normandie un peu plus de présence, se faisant ainsi l'écho de nombreuses voix du Domaine Royal et d'ailleurs qui réclament depuis des mois voire des années un souverain plus impliqué dans la gestion du royaume. Le relatif isolement dans lequel vit le Roy laisse en effet peser sur les épaules de la Pairie, de la Curia et en particulier du Grand Maistre de France une très grande responsabilité.

La princesse a ainsi géré ou déclenché plusieurs crises, des troubles artéso-champenois à la guerre de Provence. C'est probablement ce fardeau lourd à porter qui a attiré à Armoria de Mortain tant d'admiration que de haine : elle fut présentée tantôt comme dernier rempart de la Couronne dans un royaume en déliquescence, tantôt comme tyran ambitieux, et divisa à son sujet aussi bien les royalistes que les frondeurs. Son départ ne laisse par conséquent personne indifférent. Que ce soit avec tristesse ou joie, chacun peut cependant lui souhaiter une bonne retraite, car nul ne peut contester qu'elle a donné beaucoup de son temps et de son énergie en vue de sauvegarder l'influence et le prestige de la Couronne. Son bilan, et l'avenir, diront si elle a réussi.

Nicolas de Firenze, pour l'AAP

Citation :: En Anjou, du sang et des larmes

Angers (AAP) - Alors même que l'Église Aristotélicienne Romaine avait promulgué une trêve de vingt-quatre heures, les murs d'Angers ont dans la nuit du 19 au 20 août encore été le théâtre de combats terribles entre défenseurs angevins et assaillants aux multiples origines.

Au sein de trois armées agréées par le duché de Touraine se mêlent en effet Tourangeaux, Mainois, Helvètes et Francs-Comtois, se réclamant soit chargés d'une mission religieuse, soit bandits ou mercenaires. Cette troupe hétéroclite a pour l'instant été repoussée à deux reprises par les forces de l'Anjou, non sans faire victimes et blessés en grand nombre de part et d'autre des remparts.

Parmi ces derniers, la régente angevine, Otissette de Reikrigen, déclarait encore hier en réponse à Tibère de Plantagenêt, connétable des Saintes Armées qui la sommait de lui faire confiance et de remettre les clefs de la ville à ses troupes : "La capitale jamais l'Anjou ne vous cèdera [...] C'est vous qui forcez les portes de la capitale. Pas nous."

La situation semble d'autant plus confuse que l'angevinisme - censé être à l'origine de cette guerre - est en perte de vitesse depuis le brusque revirement théologique d'Éloïse de Guérande, évêque d'Anjou, et que l'armée de Bourgogne revendique par ailleurs le meurtre du duc Aurélien de Penthièvre, information non confirmée par une autre source.

Nombreuses sont donc les réactions pour condamner cette pseudo-croisade et/ou le duché de Touraine : l'Alliance du Ponant, qui compte l'Anjou parmi ses membres aux côtés de la Bretagne, du Poitou, de l'Artois et de la Guyenne, a déjà averti les autorités tourangelles que cette agression ne resterait pas impunie ; des contrées comme l'Armagnac et Comminges ont déjà appelé à la cessation des combats ; enfin, protestant contre le fait que la Curie n'ait pas tenu compte des négociations en bonne voie qu'il menait au nom de l'Église avec les autorités religieuses angevines, Aurélien Maledent de Feytiat a démissionné de sa charge de Primat de France.

La fin de ce mois d'août risque donc de rester agitée, tant par les divisions spirituelles et temporelles qui déchirent l'Église que par le dénouement de la guerre livrée à l'Anjou, dont on ne peut encore prévoir l'étendue des conséquences dans la région voire dans tout le Royaume de France.

Senga Leros